Le samedi 18 novembre 2023, près de 150 personnes sont venues pour les traditionnelles 8 heures de solidarité avec la Palestine à Gentilly. Cette année, beaucoup voulaient exprimer leur solidarité avec les Palestiniens assiégés, bombardés, assassinés à Gaza et en Cisjordanie ou à Jérusalem où ils subissent une répression féroce : vol de leurs terres, destruction de leur maison, emprisonnements systématiques.
À travers la projection du documentaire « Grey, Black & Blue » du réalisateur palestinien Karam Abou Ali, un hommage a été rendu à la résistance des femmes palestiniennes et en particulier aux prisonnières. Un hommage a également été rendu au docteur Mariam Abu Daqqa de Gaza. Rappelons que cette grande résistante à l’occupation israélienne, infatigable combattante pour les droits des femmes, notamment ceux des prisonnières politiques palestiniennes, est arrivée pour une tournée en France le 30 octobre, avec un visa en bonne et due forme. Et dont le
projet de conférences était parfaitement renseigné. Elle a été harcelée, brutalement et illégalement arrêtée le 8 novembre. Placée en CRA (Centre de Rétention Administrative), privée de ses médicaments, de son portable et de ses effets personnels jusqu’à ce que des militants parviennent à les lui restituer, elle a été expulsée le 10 novembre vers l’Égypte sur ordre du Ministère de l’Intérieur. Ses avocats en France n’en resteront pas là. Marie France Cohen Solal, militante de l’AFPS et de l’UJFP, a évoqué le sort des prisonnières et prisonniers en prolongement du film et a répondu aux nombreuses questions après la projection. Sa propre émotion a touché les personnes présentes.
Puis, nous avons accueilli Salah Hamouri venant de la manifestation parisienne, pour notre débat : « Quelle justice pour les Palestiniens ? De l’occupation à l’apartheid ».
Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, militant des Droits de l’Homme, a été emprisonné pendant dix ans, notamment en détention administrative, il a été expulsé de Jérusalem, sa ville natale, en décembre 2022 contre son gré et en violation du Droit
International. Laurence Cohen, sénatrice du Val de Marne (de 2011 à 2023), qui animait
le débat, l’a contextualisé : attaque du Hamas, le 7 octobre dernier, contre Israël. Carnage et prise d’otages que nous condamnons mais qui ne peut justifier une vengeance sans fin, du gouvernement israélien, avec des bombardements de la population civile de Gaza. Rien ne peut justifier l’assassinat d’enfants, de personnes innocentes palestiniennes ou israéliennes. Comprendre comment on en est arrivé
là, c’est ne pas occulter des années d’occupation sans aucune solution politique en vue.
Salah a insisté sur le fait qu’il y a une force occupante et un territoire occupé, comme au Vietnam ou en Algérie.
Résister est un devoir pour tout peuple qui se bat pour son autodétermination. Aujourd’hui, ce n’est pas une guerre contre le Hamas qui est menée par le gouvernement israélien mais une guerre contre tous les Palestiniens ! Il dénonce un véritable génocide contre le peuple palestinien, pour preuve les attaques en Cisjordanie et à Jérusalem. Pour lui, il n’y aura pas une nouvelle Nakba, car non seulement les Palestiniens ne se laisseront expulser ni vers l’Égypte ni vers la Jordanie, mais ces 2 pays sont hostiles à les accueillir.
Il dénonce les atermoiements de la communauté internationale qui ne respecte aucune résolution de l’ONU depuis 1948 ! Et il pense qu’en réalité les accords d’Oslo ont été un piège pour les Palestiniens. L’expansion des colonies, les exactions commises pour voler
les terres, l’édification du mur..., en bref la politique des gouvernements successifs d’Israël a rendu pratiquement impossible une solution à 2 états. Une situation complexe, une issue qui ne va pas de soi, d’où l’urgence du renforcement de la solidarité internationale en faveur de la Palestine. Mais en tout état de cause, ce sont aux Palestiniennes et aux Palestiniens de se déterminer, de choisir leur forme e résistance et à aucune autre puissance étrangère de choisir à leur place.
Un débat exigeant s’est alors engagé, dans lequel sont notamment intervenus :
– Anwar Abu Eisheh, ancien ministre de l’Autorité palestinienne, membre du Fatah, qui nous exhorte à faire pression sur le Président Macron pour exiger un cessez le feu.
– Jean Guy Greilsamer, membre de l’Union des Juifs Français pour la Paix, qui a souligné que beaucoup de voix juives s’indignaient de la politique et des crimes du gouvernement de Netanyahou. Des échanges riches, parfois contradictoires qui appellent d’autres débats mais une exigence commune : cessez-le-feu immédiat, libération de tous les otages et respect du droit international. Tout au long de la journée, les participants ont voulu exprimer leur solidarité, à travers des dons, des adhésions à l’AFPS, des achats solidaires, vente de broderies palestiniennes, huile d’olive de Palestine, zaatar, livres, DVD, brochures, poteries d’Hébron...
Ils se sont aussi attardés auprès des stands de l’AFPS, de Soutien à Solidarité Hébron (SASH), de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), Collectif Boycott Apartheid Israël — Paris Banlieue Sud.
Le public a regardé avec attention les différentes expositions portant sur la tragédie actuelle ainsi qu’une expo sur le Centre pour enfants d’Al Khader. En effet, le comité AFPS de Gentilly a noué un partenariat, dès 2005, avec ce centre qui accueille des enfants handicapés et en soutien scolaire. Soutien financier rendu difficile en raison de l’obstruction totale des banques européennes quand nos associations veulent envoyer de l’argent vers la Palestine.
De nombreux échanges autour des stands, des expos, en buvant un verre de thé et en mangeant de délicieux gâteaux, ont eu lieu tout l’après-midi. La journée s’est achevée par le partage d’un repas oriental délicieux préparé par une de nos adhérentes pour l’entrée et par nos amies de l’association Le Figuier avec un makloubé palestinien et des desserts orientaux raffinés. Le Figuier a pour but d’être une fenêtre ouverte sur le Maghreb et une contribution au développement d’échanges multiformes.